L’histoire du prototype de l’iPhone 4

Plantons le décor. L’iPhone 3GS, le dernier modèle alors commercialisé par Apple, est un succès et semble être le premier iPhone à réellement décoller et que l’on voit partout. Les publicités sont diffusées régulièrement à la télé, souvent accompagnées d’un fond sonore composé par Matt Costa, intitulé Mr Pitiful.

 

Mais aujourd’hui, je ne suis pas là pour vous parler de l’iPhone 3GS. Non, on va parler du modèle qui va le remplacer, quelques mois plus tard, tout en haut du catalogue des téléphones conçus par Apple. Pour ça, je vous propose un article sous forme de timeline, avec les dates, histoire de pouvoir vous projeter et peut-être vous remémorer des souvenirs si vous suiviez déjà avec ferveur l’actualité d’Apple.
Notez que tous les liens m’ayant permis d’écrire cet article sont situés tout en bas de cet article, si ça vous intéresse d’aller (re)voir les articles de l’époque.

2 MARS 2010 : LES RUMEURS INSISTANTES

Déjà à ce moment, alors que le 3GS entame à peine son septième mois de vie, des rumeurs affolent internet, en parallèle avec celle de l’hypothétique iSlate. On va d’abord faire le tour de toutes ces rumeurs avant d’entrer dans le vif du sujet.

RUMEUR 1 : ANNONCE LE 27 JANVIER 2010

Parmi les informations les plus courantes, on retrouve une annonce en janvier 2010, et plus particulièrement le 27, car Apple avait annoncé la tenue d’une Keynote ce jour. Evidemment, il n’était pas très raisonnable de s’attendre à un nouveau téléphone annoncé ce jour. A l’époque, pour rappel, personne n’achetait son téléphone débloqué, on l’achetait subventionné chez son opérateur avec un engagement de 12 ou 24 mois.

L’iPhone 3GS ayant été annoncé puis commercialisé en juin, il n’y avait aucune cohérence à lancer un nouvel iPhone un mois après Noël et sept mois après la sortie du 3GS.

Au final, pas d’iPhone annoncé il y a deux mois, ‘seulement’ un iPad.

RUMEUR 2 : UN NOUVEAU DESIGN

A l’époque déjà, Apple avait décidé d’utiliser le même design pour l’iPhone 3G et le 3GS (shocker : l’iPhone 3 n’existe pas.) Les rumeurs nous promettaient donc un nouveau design.

RUMEUR 3 : LE SUPPORT DE LA 4G

Cet iPhone devait être, selon les rumeurs, synonyme de support du réseau cellulaire de quatrième génération. 2010 était l’année de lancement de la 4G. Plusieurs constructeurs se sont lancés dans le bal cette année là, HTC avec son Evo 4G notamment. Pas Apple.

RUMEUR 4 : L’ARRIVÉE D’UNE CAMÉRA FRONTALE ET D’UN CHAT VIDÉO

Ce nouvel iPhone devrait arriver avec une caméra frontale, permettant de prendre des photos de soi-même (le terme Selfie n’existait pas) et Apple devrait également lancer une plateforme de conversation vidéo à l’image de Skype.

RUMEUR 5 : NOUVEL APPAREIL PHOTO ARRIÈRE

Sur l’iPhone 4G (son surnom de l’époque), une nouvelle caméra de cinq millions de pixels devrait faire son apparition, elle serait accompagnée d’un flash LED.

RUMEUR 6 : UN ÉCRAN BIEN PLUS PRÉCIS

Pour terminer sur les rumeurs, on parlait avec insistance d’un écran avec une définition bien plus élevée que sur les précédents téléphones d’Apple, avec même, pourquoi pas, l’exploitation de la technologie AMOLED pour des contrastes infinis.

Si tous ces échos s’avèrent vrais, on est en droit de s’attendre à un iPhone d’un grand cru, qui sera peut-être aussi marquant que le premier.

8 AVRIL 2010

Apple nous montre un aperçu de ce que sera iPhone OS 4, avec beaucoup de nouveautés, comme le multitâche, l’ajout d’un fond d’écran sur l’accueil, la complétion des tâches, et tout un tas d’autres fonctions. Pour moi, c’est une de ces versions majeures qui ont fait bouger la plateforme d’Apple et le marché par la même occasion.
C’est la journée où quelques chanceux ont pu installer la beta d’iPhone OS 4, ils ont trouvé un ami qui a ce fameux compte développeur et ils ont pu enregistrer leur UDID sur ce compte

18 AVRIL 2010

Les utilisateurs exploitent iPhone OS 4 depuis environ dix jours et semblent satisfaits de leur installation.

Pourtant, alors que les rumeurs s’amplifient, personne ne s’attend à ce qu’il se passera demain. Personne.

19 AVRIL 2010

Aujourd’hui, à 19 heures en France, internet s’enflamme. Le site Gizmodo tombe sous l’affluence. La raison est simple. Un nouvel article, intitulé sobrement « This is Apple’s next iPhone » est publié sur le site.

Le journaliste, Jason Chen, nous apprend que le site a dépensé $5000 dans un supposé prototype du prochain téléphone marqué d’une pomme.

On y voit un iPhone radicalement différent de ce que l’on connaît. Exit le Polycarbonate, place à l’acier pris en sandwich par deux plaques de verre. L’appareil est entièrement plat et anguleux.

Grâce à cet article, on peut alors confirmer ou infirmer les rumeurs. Effectivement, comme on vient de le traiter, le design est nouveau. De plus, l’iPhone a maintenant une caméra frontale, une caméra arrière plus large et un flash LED, un écran de bien meilleure définition, mais aussi un slot micro SIM, un deuxième micro, les boutons de volume sont maintenant séparés et sont faits du même métal que les contours de l’appareil, la batterie est de plus grande capacité, mais l’iPhone ne prend quasiment pas d’embonpoint, avec seulement trois grammes de plus sur la balance.

On ne sait pas vraiment comment le prendre, est-ce que c’est faux ? est-ce vrai ? Est-ce que l’on est en train d’assister à l’une des plus grosses fuites du monde technologique ? Est-ce que c’est une fuite organisée ?

Non, ça n’est pas possible, impossible qu’Apple soit victime d’une fuite comme celle-ci, tant l’entreprise de Cupertino cultive le secret. Mais alors, si c’est vrai, comment cela a-t-il pu arriver ?

Les doutes s’envolent un peu lorsque l’on apprend, un peu plus bas dans l’article, que l’iPhone a été verrouillé à distance par Apple, résultant en le fait que le journaliste en possession de l’appareil ne peut pas l’utiliser, ni le restaurer, car évidemment aucune image de restauration n’est accessible en dehors du réseau interne d’Apple.

Les journalistes de Gizmodo sont plutôt convaincus par la véracité du produit, car après l’avoir démonté, ils ont constaté que « l’assemblage ressemble à ce que ferait Apple », ils ont remarqué plusieurs pièces frappées d’une pomme, l’appareil est bien reconnu comme un iPhone par iTunes et Xcode.

Mais il reste quelques doutes quand même, le plus important de ces derniers étant la présence de lignes sur le contour métallique de l’appareil. Ça ne ressemble pas à ce que ferait Apple.

24 MAI 2010

La date de la WWDC est officielle. Ça sera du 7 au 11 juin 2010.

7 JUIN 2010

Ça y est ! C’est la WWDC ! On devrait enfin avoir toutes les réponses à nos questions. Alors, cet iPhone, c’est le vrai ? Ça se trouve, c’était juste un coup de génie pour éloigner les rumeurs et surprendre le monde en dévoilant un produit encore plus différent que celui qu’avait montré Gizmodo !

En fait, non. Ce que nous montrait Gizmodo un mois plus tôt, c’était bel et bien le nouvel iPhone. Steve Jobs se permettant même une petite blague sur scène, au moment où l’appareil fait son apparition sur l’écran : « Stop me if you’ve already seen this! Believe me, you ain’t seen it. » ponctuée des rires du public.

La présentation se passe bien, à un point près : des problèmes de connexion Wi-Fi viennent entraver la démonstration de ce nouvel iPhone. Mais ça, j’en ferai un article à part.

Steve Jobs, en faisant sa petite remarque bien sentie, donne l’impression qu’Apple prend l’histoire à la légère. Alors qu’en fait…

L’histoire derrière la fuite

… Apple a redoublé d’efforts pour récupérer cet appareil.

Tout ce capharnaüm a débuté un soir de Mars 2010, le 18 pour être précis.

Gray Powell, alors ingénieur logiciel sur la partie cellulaire des iPhone chez Apple, se rend dans un bar situé à une vingtaines de Miles du 1, Infinite Loop, pour prendre des bières à l’occasion de son vingt-septième anniversaire. La soirée se déroule bien, mais au moment de rentrer chez lui, notre ami ingénieur oublie son téléphone sur le bar. Le voisin de bar, Brian J. Hogan, récupère alors le smartphone et demande autour de lui si le téléphone appartient à quelqu’un. Ce quelqu’un était déjà rentré chez lui (probablement la tête dans les toilettes en train de se remettre de sa soirée de fête.)

Etant donné que Powell n’est jamais revenu pour récupérer son téléphone, Brian Hogan commence à jouer un peu avec, regarder ce qu’il y a dessus. « Je pensais que c’était juste un iPhone 3GS, mais quand j’essayais de prendre une photo avec, il crashait, déclarera-t-il à Gizmodo. En dehors de deux codes barre collés derrière l’iPhone, et un à côté des touches de volume, et l’application Facebook sur laquelle était connecté un certain Gray Powell. »

Il se dit alors qu’il retrouvera Gray pour lui rendre son téléphone le lendemain.

Mais alors, le lendemain, l’iPhone était totalement bloqué, effacé à distance via MobileMe. C’est à ce moment, sans doute à la lumière du jour, qu’il s’est rendu compte que quelque chose était différent avec cet iPhone. Déjà, il y a cette caméra à côté du récepteur, en façade.

Après avoir un peu bataillé avec le produit, il se rend compte qu’un téléphone radicalement différent et unique se cache dans une coque qui ressemble à un iPhone 3GS.

Il essaie alors de contacter Apple, par le biais d’AppleCare notamment, pour pouvoir restituer ce produit unique. Personne ne le prend au sérieux, on lui rit au nez, mais on lui donne un numéro de dossier. Le superviseur qu’avait eu le nouveau possesseur du prototype a donné quelques explications :

« Je suis ‘Tier 2’ (superviseur technique) pour AppleCare et avant que tout ça se transforme en fuite sur internet, le gars qui travaillait à côté de moi avait eu un appel du mec qui voulait rendre l’iPhone. De notre point de vue, ça ressemblait à une farce, ou alors le mec avait une contrefaçon, en interne, Apple ne nous a jamais parlé d’un prototype perdu, on ne savait même pas qu’ils travaillaient sur un nouveau modèle. Quand le gars nous a appelé, il nous a décrit le téléphone vaguement et ne pouvait pas nous fournir de photos, donc comme je l’ai dit avant, je pensais qu’il avait une contrefaçon chinoise entre les mains. On avait aucune idée de ce qu’il fallait faire, et c’est ce qui est chiant quand on travaille chez Apple, on nous donne tout juste les informations dont on a besoin pour aider les clients, mais dans ces cas là, on n’a juste aucune idée de ce que l’on doit faire.
Si on avait pu avoir des photos, les ingénieurs les auraient vues et on aurait sûrement pu récupérer le prototype, mais vu que nous ne pouvions rien faire, on a décidé de passer à autre chose. »

Le protagoniste attend plusieurs jours, dans l’espoir que son ticket d’assistance soit remonté et tombe dans les oreilles d’un supérieur chez AppleCare. Mais rien, jamais son téléphone ne sonnera. Il se pose la question de se rendre en Apple Store pour rendre le téléphone à un employé, mais se dit que ça se terminera sûrement comme son appel avec l’assistance, ou pire, l’employé se contentera de le revendre sur eBay.

Sans vraiment avoir de solution à son problème, il se décide alors à contacter les différents journaux et sites internet pour vendre sa trouvaille. Si la plupart des médias contactés pensent à une farce, pensant qu’il s’agit d’une personne qui veut son quart d’heure de gloire tout en empochant le pactole, Gizmodo décide de croire cette personne inconnue et débourse cinq mille dollars pour acquérir ce que le site décrit comme une décision prise un peu aveuglément, car ils n’avaient aucune certitude de la fiabilité de cet achat. Pour rappel, l’iPhone ne démarrait pas plus loin qu’en mode de récupération.

Après l’avoir récupéré et démonté, ça ne faisait plus l’ombre d’un doute. Ce produit était réellement sorti de Cupertino. Le site nous explique avoir fait le nécessaire pour restituer le prototype à son propriétaire, non sans avoir pris quelques clichés avant bien entendu.

Ils se décident donc de contacter Gray Powell, qui semblait épuisé et détruit au téléphone :

« Gray Powell : Allô ?
John Herrmann (le journaliste de Gizmodo) : Vous êtes Gray ?
Gray : Oui
John : Bonjour, je suis John Herrmann de gizmodo.com
Gray : Hey !
John : Vous travaillez pour Apple, n’est-ce pas ?
Gray : Hum… je ne peux pas trop parler pour le moment
John : Je comprends. On a un appareil là, on pense que c’est celui que tu as oublié dans un bar, et on voudrait te le rendre.
Gray : Oui, j’ai transféré ton e-mail (celui dans lequel Gizmodo lui demandait si c’était son iPhone), on va te rappeler rapidement
John : OK
Gray : Tu as un numéro de téléphone que je pourrais joindre ?
John donne son numéro de téléphone »

(Il s’agit de la traduction de la conversation téléphonique entre Gray et John Herrmann, retranscrite par le journaliste sur son site web.)

La suite de l’histoire, on la connaît à peu près, l’article est posté, Gizmodo casse internet.

J’aimerais faire un aparté rapide avant de continuer l’histoire.

Pourquoi Apple n’a pas réussi à récupérer l’iPhone à temps ?

Déjà, l’iPhone a été désactivé à distance par Apple, donc aucun appel ou réception de SMS n’était possible pendant la nuit. Et, Find my iPhone, intégré dans MobileMe, ne fonctionnait pas sur les versions beta d’iPhone OS 4. Du coup, vous allez me dire « comment Apple a pu désactiver l’iPhone à distance, si Localiser ne fonctionnait pas en beta ? » Ils ont tout simplement utilisé une fonction de leur serveur Exchange, grâce au compte qui était connecté à l’iPhone.

Aparté terminé, on reprend la suite de cette longue série à rebondissements.

Apple considère maintenant que l’iPhone a été volé, alors que les rédacteurs du site web à l’origine de la fuite voient plutôt l’histoire comme un produit qui a été perdu puis retrouvé (pas par le propriétaire de l’appareil, soit) et nous indique vouloir coopérer avec Apple pour restituer le prototype. Je cite : « Tout ce que vous avez à faire pour le récupérer, c’est nous le demander. »

Le directeur éditorial, Brian Lam, reçoit donc un mail de Bruce Sewell, un nom que vous connaissez peut-être déjà, car c’était en ce temps l’avocat d’Apple et le Vice Président en charge des Affaires Juridiques et Gouvernementales au sein de l’entreprise.

Le mail est simple et efficace :

« Cher Mr. Lam,

Il a été constaté que GIZMODO est actuellement en possession d’un produit qui appartient à Apple. Cette lettre fait office de demande formelle vous intimant de rendre ce produit à Apple. Merci de m’indiquer où nous pouvons récupérer cette unité.

Sincèrement,

Bruce Sewell
Senior Vice President & General Counsel
Apple Inc. »

La réponse de Lam est la suivante :

« Cher Bruce,

C’est Jason Chen qui est en possession de l’iPhone, voici ses coordonnées, vous devriez le contacter :

Chen Jason
33 Rue du Prototype

69420 MobileMe-Sur-Saône

Nous sommes heureux que vous puissiez le récupérer, car ‘il brûlait le fond de nos poches’.
Juste pour information, nous ne savions pas que l’iPhone avait été volé avant que nous ne l’achetions. Maintenant que nous savons qu’il ne s’agit pas d’une contrefaçon, et qu’il provient bien d’Apple, nous sommes satisfaits qu’il puisse retrouver son propriétaire.

P.S. J’espère que vous êtes clément avec le ‘gamin’ qui a perdu ce prototype. Je ne pense pas qu’il aime autre chose autant qu’Apple. »

 

PS : Veuillez noter que l’adresse de Jason Chen est bien entendu 100% sûre et vérifiée, il habite toujours au 33 Rue du Prototype, 69420 MobileMe-Sur-Saône, même si le petit patelin situé en Californie a été renommé iCloud-Sur-Saône en 2011.

Ça, c’est la version officielle. En coulisses, on a appris par d’autres sources que le domicile de Jason Chen avait été perquisitionné le 23 Avril 2010, avec la saisie d’une grande quantité de matériel, notamment : des cartes de visite, des dispositifs de stockage externe, des téléphones, des ordinateurs, des tablettes ainsi que des factures.

Les parties légales de la maison mère de Gizmodo, Gawker Media LLC, font appel de cette perquisition, en s’appuyant sur la section 1524g du Code Pénal Californien, qui renvoie elle-même à la section 1070 du Code de Preuve (Evidence Code), qui stipule :

tl;dr : Il est interdit de juger un journaliste pour avoir refusé de divulguer les informations non diffusées au public par le journaliste en question. Cette protection s’applique aux employés d’un journal, d’une station de radio ou de télévision mais aussi aux journalistes en ligne.

« Un éditeur, rédacteur en chef, journaliste ou autre personne connectée avec ou employé sur un journal, un magazine ou un autre périodique publication, ou par une association de presse ou un service de presse, ou toute personne qui a été ainsi lié ou employé, ne peut être jugé en outrage par un organe judiciaire, législatif, administratif ou tout autre organe ayant le pouvoir d’émettre des citations à comparaître, pour avoir refusé de divulguer, dans toute procédure telle que définie à l’article 901, la source de toute information obtenue alors qu’elle était ainsi connectée ou employée pour publication dans un journal, un magazine ou autre publication périodique, ou pour avoir refusé de divulguer toute information non publiée obtenue ou préparé dans la collecte, la réception ou le traitement d’informations pour communication au public.

(b) Un journaliste de la radio ou de la télévision ou toute autre personne ne peut pas non plus lié à ou employé par une station de radio ou de télévision, ou tout autre personne qui a été ainsi liée ou employée, soit ainsi jugé en mépris pour avoir refusé de divulguer la source de toute information obtenu alors qu’il était ainsi connecté ou employé pour des nouvelles ou des commentaires d’actualités à des fins de radio ou de télévision, ou pour avoir refusé de divulguer toute information non publiée obtenue ou préparée lors de la collecte, de la réception ou le traitement d’informations à des fins de communication au public.

(c) Tel qu’utilisé dans cette section, le terme « information non publiée » comprend les informations non diffusées au public par la personne dont la divulgation est demandée, que des informations connexes aient été ou non diffusé et comprend, sans s’y limiter, toutes les notes, prises de vues, photographies, bandes ou autres données de quelque nature que ce soit non elle-même diffusée au public par un moyen de communication, si des informations publiées ou non basées sur ou liées à ces matériel a été diffusé.

La Cour d’appel de Californie a reconnu que ces protections s’appliquent aux journalistes en ligne : O’Grady C. Cour supérieure, 139 Cal. App. 4e 1423 (2006).
Ainsi, il est tout à fait clair qu’en vertu de la loi, un mandat de perquisition visant à retirer ces éléments n’était pas valide. »

Pour appuyer son argumentaire, la personne en charge de l’affaire au sein de la maison mère de Gizmodo indique :

« Je note également que le mandat porte un « X » marqué par « Recherche de nuit approuvée ». Monsieur Chen me dit qu’il est rentré à 21h45. Je suppose donc qu’il s’agissait d’une « Fouille de nuit » qui n’était pas autorisée par le mandat.
Dans les circonstances, nous attendons le retour immédiat du matériel que vous avez confisqué à M. Chen.
Veuillez m’appeler dans les plus brefs délais pour discuter de la façon dont le retour peut être effectué. »

Jason Chen explique dans une lettre publique le déroulé des faits. Il rentre chez lui autour de 21h45, voit la porte de son garage entre-ouverte, et lorsqu’il rentre il voit une patrouille en train de fouiller chez lui. Les officiers lui expliquent qu’ils ont dû défoncer la porte, et qu’il pourrait obtenir un remboursement pour ces dommages (un moindre mal !) En en faisant la demande.

Brian J. Hogan, alors âgé de 21 ans, l’homme à l’origine de tout ça, accordera une interview à Wired.com. Il y expliquera notamment ne pas regretter d’avoir revendu le prototype, mais plutôt de ne pas en avoir fait plus pour rendre l’iPhone à son propriétaire. Il rassure également, en indiquant ne pas avoir été condamné après avoir été entendu par les autorités compétentes. La loi Californienne considère comme volé ce prototype d’iPhone.

Quelques jours plus tard, au cours d’une conférence All Things Digital, auxquelles Steve Jobs est habitué (il y participait tous les ans), il fera un résumé expliquant le déroulé des choses, puis un commentaire très décontracté à Walt Mossberg :

« Pour être sûr qu’un produit sans fil fonctionne, nous devons le tester dans des conditions réelles. Un de nos employés en utilisait un dans ces conditions. Il y avait un débat, soit il a été oublié dans un bar, soit il a été volé de son sac, je n’en sais pas plus. Cette personne, qui avait ce téléphone, a décidé qu’elle le vendrait à quelqu’un, donc elle a appelé Engadget, Gizmodo…
La personne qui a acheté l’iPhone a essayé de l’activer sur iTunes, sur l’ordinateur de son colocataire. C’est la colocataire qui a appelé la police. Donc la police est venue faire une perquisition avant que les affaires ne disparaissent. C’est une histoire incroyable ! Il y a du vol, il y a de l’achat de propriétés volées, il y a des histoires d’extorsion, je suis sûr qu’il y a même du sexe là dedans ! Quelqu’un devrait en faire un film ! »


Pour conclure : Jason Chen a travaillé pendant quelques années chez Gizmodo, puis a rejoint LifeHacker, pour finir chez StoryBundle, qui est un site pour la promotion d’auteurs de livres indépendants.

Gray Powell a travaillé chez Apple jusqu’en 2017, il n’a pas été renvoyé par l’entreprise, même si à mon avis son passage au bureau de Steve Jobs après cette histoire a été un mauvais souvenir de sa carrière.

Brian J. Hogan a supprimé son compte Facebook peu de temps après la publication de l’article de Gizmodo, je n’ai pas trouvé d’informations supplémentaires sur lui.

Gizmodo existe toujours, mais a été bannie de toute relation presse avec Apple pendant plusieurs années, jusqu’au 9 septembre 2014, pour assister à l’annonce de l’iPhone 6, Apple Pay et l’Apple Watch.

Steve Jobs nous a quitté le 5 octobre 2011, quelques semaines après sa démission au poste de CEO d’Apple. L’iPhone 4 a été le dernier téléphone présenté par Steve.
Malheureusement, ce n’est pas son annonce qui est restée gravée dans nos mémoires, mais ce qui a précédé le dévoilement d’un produit qui a redéfini bien des points de ce marché ultra concurrentiel qu’est celui du smartphone.

 

Sources : 
Elles sont toutes en anglais, désolé pour ça, mais les sites web en français zappaient la majorité des informations. La plupart de ces sources proviennent directement de Gizmodo.

This is Apple’s New iPhone

The Tale of Apple’s Next iPhone

How Apple Conceals Prototype iPhones

How Apple Lost the iPhone 4

Why Apple Couldn’t Get the Lost iPhone Back

A Letter: Apple Wants Its Secret iPhone Back

Apple Didn’t Leak the iPhone—and Why That Matters

The Investigation Into That Missing iPhone [Updated]

Police Seize Jason Chen’s Computers

iPhone Finder Regrets His ‘Mistake’

Apple invites Gizmodo to September 9th special media event

Toutes les photos d’illustration de cet article proviennent de Gizmodo. Soyez indulgents sur la qualité de ces photos, elles proviennent du Web de 2010, l’époque où une image en 1024×768 était considérée comme « haute résolution ».


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